parti pris

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Une photographie prise par Felice Beato vers 1865.
« Le Taj Mahal, le célèbre mausolée construit en 1630 par l’empereur Moghol Shah Jahan en souvenir de son épouse favorite. »

Sans avoir lu la légende, difficile de reconnaître le Taj Mahal. Il a beau être le  monument phare des Indes, le roi de la carte postale à l’échelle mondiale, il suffit que l’angle de vue soit autre pour lui donner la présence et le visage d’un inconnu. Sur ce qui est devenu la vue classique, le bâtiment est frontal, le plan d’eau centré appuie encore la symétrie des lieux. La perspective nous dit « et bien approchez-vous, venez le voir de plus près ce chef-d’œuvre de l’art indo-islamique, venez caressez des yeux la pureté émouvante de ses lignes… ». Alors, que sur notre photographie, c’est l’arrière du mausolée, une imposante et féerique mosquée de papier que l’on longe en toute simplicité. On a pris le parti de la diagonale; de la rivière plutôt que celui de la terre ferme. On se laisse emporter par le courant. Au détour de ce léger virage, il y a deux hommes qui se parlent, les pieds dans l’eau alors qu’un autre, accroupis, regarde devant lui. La surface de l’eau évoque la douceur d’une peau de fruit. Puis on la voit se détacher des reflets métalliques, cette cahute sur pilotis. Et c’est toute la puissance de la vie quotidienne qui reprend le dessus. Et si la sujet de la photo était aussi cette cabane de pêcheur de guingois et pourquoi pas, les draps blancs qui sèchent sur le sol?