les rivages du temps

Papier

Dans un tas de papiers ayant appartenu à mon grand-père (1904-2007), un prospectus à l’air publicitaire attire mon attention. Un étang invitant au canotage, des silhouettes minimales étendues, un palace adossé à une colline verdoyante. En lettres dorées « Sanatorium de 1er rang ». Le texte précise la nature du traitement dans les différents espaces où s’organisent la vie des malades. Bain d’air pour dames, bain de soleil, maison de traitement n°2. Avec la promesse : « Grands succès ».

Tous à Davos!
C’est en observant les détails d’une autre illustration, celle de la salle à manger en plein service, qu’en y imaginant un univers sonore, tout à coup parmi les cliquetis de couverts, au milieu de l’épaisseur fluctuante des voix, il m’a semblé qu’une porte claquée sans ménagement suivie de l’apparition d’une jeune femme à la démarche légère compléteraient le tableau de manière opportune.

C’était donc ça. Une sorte de publicité qui contenait le cadre, le décor de la « Montagne magique » de Thomas Mann, un établissement concurrent et miroir en Saxe.

De la « Montagne magique » je me rappelle surtout les variations sur l’écoulement du temps. C’est un temps qui connait la théorie de la relativité, qui s’affirme comme matière première du roman. Il s’étire, se rétracte, joue des tours. Au fil des pages, on s’interroge sur son écoulement uniforme ou sur l’existence d’un 6ème sens propre à sa perception.

Je me souviens aussi de la sensualité particulière du corps malade, alangui sur des chaises longues, objet de toutes les attentions.

Oui, le temps et le corps.

A suivre…

sana